8 mars ● Dans un contexte de montée du masculinisme et des régimes autoritaires, la journée internationale des luttes féministes du 8 mars 2025 a mobilisé des milliers de personnes à Genève et dans les autres cantons. Comme chaque année, le SIT a participé avec ses membres à la manifestation organisée par la Grève féministe. Parce que les femmes et les personnes LGBTIQ+ subissent de plein fouet les conséquences des politiques néolibérales et discriminatoires, le SIT poursuit quotidiennement sa lutte contre la précarisation des métiers féminisés, l’exploitation des travailleuses migrantes, le harcèlement sexuel en entreprise, les actes homophobes et transphobes, l’accès aux droits pour les femmes sans statut légal. Les discours et les actes haineux sont sans cesse banalisés et nous devons plus que jamais résister. L’extrême droite se renforce en Suisse et dans le monde et nous gardons à l’esprit qu’il faut peu pour remettre en question les droits obtenus grâce aux luttes féministes et syndicales, qui sont pourtant encore loin d’être suffisants.
Coalition contre la discrimination salariale
Les hommes gagnent 27 % de plus que les femmes. La discrimination salariale reste un problème non résolu et a même augmenté ces dernières années. Les femmes sont largement sous représentées dans les postes à hauts revenus et en surnombre parmi les bas salaires. Elles occupent souvent des emplois à temps partiel (51 % des femmes contre 21 % des hommes). Non seulement elles ont des revenus inférieurs, mais leur retraite est aussi réduite, en particulier les rentes LPP. L’analyse du salaire brut standardisé démontre que même à temps de travail égal, les femmes restent nettement moins payées que les hommes (-15,6 %). Une large coalition d’organisations politiques, syndicales et de défense des intérêts des femmes, dont le SIT, ont interpellé le Conseil fédéral, pour demander des mesures efficaces contre la discrimination salariale et une révision de la loi sur l’égalité.
Exigence d’une révision urgente de la loi
À l’occasion des 30 ans de l’adoption de la loi, la commission féministe de la CGAS a organisé une conférence publique avec l’avocate Céline Moreau pour tirer le bilan de son application et imaginer de nouvelles perspectives. Les cas soumis aux tribunaux demeurent peu nombreux comparativement aux discriminations réelles persistantes. Les procédures sont longues et complexes, les indemnités perçues sont faibles et les sanctions des entreprises inexistantes. Une révision de la loi en 2020 a introduit l’obligation pour les entreprises de plus de 100 employé-e-s de procéder à une analyse des salaires. Il est déjà incompréhensible que la plupart des entreprises soient épargnées de procéder à ce contrôle. Mais un rapport intermédiaire du Conseil fédéral démontre que plus de la moitié des grandes entreprises n’ont pas respecté cette obligation et n’ont pas communiqué les résultats au personnel. Malgré ce bilan calamiteux, le Conseil fédéral n’entend pas changer de cap. La coalition contre la discrimination salariale réclame un changement de loi pour une vérification actives de son respect, une extension aux entreprises de plus de 50 personnes, la suppression de la clause de caducité prévue en 2032, l’obligation faite aux entreprises de rectifier les salaires et des sanctions efficaces. Le parlement doit enfin prendre cette affaire au sérieux.
Valérie Buchs