Contre les fachos et les abus patronaux, défendons les salaires, pas les frontières. C’est derrière cette banderole que le mouvement syndical genevois appelle les travailleuses et les travailleurs à prendre une nouvelle fois la rue ce 1er mai 2025.
Cette réaffirmation d’un slogan que nous répétons depuis maintenant plus d’une décennie est rendue nécessaire par le contexte de ce printemps 2025 : d’une part la montée des fascismes ailleurs et ici, et d’autre part le retour (encore !) à l’agenda politique suisse de la question de la libre-circulation des travailleuses et des travailleurs, avec d’une part l’initiative UDC contre « une Suisse à 10 millions », et d’autre part la question du renouvellement des accords bilatéraux entre la Suisse et l’Union Européenne.
Car tandis que Trump procède à la déportation de milliers de travailleuses et travailleurs sans-papiers, que le parti néonazi allemand AFD et l’extrême-droite française ou encore italienne gagnent des voix en rêvant de « remigration », et que s’ouvre une nouvelle saison où la Méditerranée se remplira de cadavres au mépris du droit maritime et de la plus élémentaire humanité, voilà que l’extrême-droite helvète repasse à l’offensive pour fermer les frontières en s’attaquant une nouvelle fois à la libre-circulation des travailleuses et des travailleurs.
Or, derrière le discours xénophobe de l’extrême-droite, qui comme toujours fait des immigré-e-s les boucs émissaires de tous les maux du capitalisme, se cache en réalité la seule volonté de démanteler leurs droits au séjour, au regroupement familial et à la protection sociale. Objectif : mettre à disposition du patronat une main d’œuvre de sans-droits, corvéables à merci, mettant ainsi sous pression les droits et conditions de travail de l’ensemble des travailleuses et des travailleurs par l’arme de la division.
Une méthode et un projet politique que tous-tes les fascistes, d’hier et d’aujourd’hui, ont en commun. En faisant croire aux travailleurs-euses que leur ennemi, ce sont les autres, les juifs-ves, les communistes, les homosexuel-le-s, les latinos-as, les « extracomunitari », les « clandestins », les arabes, les gazaoui-e-s, ou encore les requérant-e-s d’asile d’où qu’ils-elles viennent, les fascistes ne visent qu’à maintenir le système d’oppression capitaliste.
A coups de barres de fer, d’huile de ricin et de canons, mais plus encore à coups d’idéologie militariste, masculiniste et raciste, et de destruction méthodique de toute forme de redistribution des richesses et de droits démocratiques, ils-elles veulent réduire les travailleuses et travailleurs au silence et renforcer un modèle de société basé sur l’exploitation, la soumission et la peur, au seul profit des nantis. Les milliardaires au pouvoir, le pouvoir des milliardaires.
Oui, il y a donc bel et bien un lien entre les fachos et les abus patronaux : les premiers sont à la fois le produit et le plus fidèle serviteur des seconds.
Et ce n’est pas un hasard si c’est une conseillère fédérale PLR qui s’aplatit devant le discours du vice-président des États-Unis, ni si ce sont des conseillers fédéraux UDC, fraîchement (et richement, contrairement à d’autres) retraité ou encore au pouvoir, qui n’hésitent pas apporter ouvertement leur soutien à Trump, Musk, Milei et autres néonazis allemand-e-s.
Alors ce 1er mai 2025, prenons la rue, pour réaffirmer haut au fort le nécessaire combat syndical pour une société non pas fondée sur l’oppression et la peur, mais sur l’égalité, la solidarité et la justice sociale. Car chaque centime que le mouvement syndical arrache aux capitalistes pour le rendre aux travailleurs-euses, sous la forme de meilleurs salaires, de protections sociales, ou de droits supplémentaires, est bien plus qu’une victoire économique. C’est un acte de résistance antifasciste.
Davide De Filippo