Depuis de trop longues années maintenant, les travailleurs-euses de la construction, mais également leurs collègues des parcs et jardins ou de l’agriculture travaillent par tous les temps : la pluie, le froid, le gel et depuis une décennie maintenant, en raison du réchauffement climatique, la chaleur extrême avec des épisodes caniculaires de plus en plus violents.
Ces conditions de travail extrêmement dures, nous le savons, ont des conséquences gravissimes sur la santé quand elles sont vécues régulièrement tout au long d’une carrière.
Couplées à des conditions de travail déjà pénibles en temps normal, elles épuisent les corps, éreintent les organismes avec pour conséquences de multiplier les risques de maladie musculo-squelettiques et les accidents déjà nombreux dans les secteurs concernés.
Pour pallier ces risques et respecter leur devoir de protection de la santé de leur personnel, conformément à la loi sur le travail, les employeurs devraient interrompre l’activité en cas d’intempéries et solliciter l’assurance-chômage pour obtenir des indemnités en cas d’intempéries.
Le hic, c’est que la LACI prévoit deux jours de carence par période d’indemnisation d’un mois et n’assure pas les travailleurs-euses temporaires. Résultat : comme ça coûte trop cher, les patrons trouvent d’autres solutions telles que la prise de vacances, le rattrapage des heures, les fins de mission ou la continuation du travail dans des conditions inacceptables.
Dans les faits, ce sont donc soit les salarié-es-s qui assument les risques entrepreneuriaux de leurs patrons en cas d’intempéries, financièrement ou au détriment de leur santé, soit la collectivité quand les travailleurs temporaires, et ils sont nombreux, se voient signifier une fin de contrat à la mauvaise saison pour être envoyés au chômage jusqu’au retour du printemps.
Face à cette situation socialement inacceptable, les syndicats genevois, où le SIT joue un rôle très important, ont lancé de nombreuses campagnes sur les lieux de travail. Ces campagnes ont mis un sérieux coup de projecteur sur la problématique, et contraint les patrons et l’État à trouver des solutions. Après avoir lancé une application « intelligente » en 2024 pour évaluer les mesures de protection à prendre en cas de fortes chaleurs, application qui est en phase d’amélioration, un projet de loi constituant un fonds intempéries pour indemniser les arrêts d’activité en cas d’intempéries, dès le 1er jour et applicable également aux travailleurs temporaires, est à bout touchant. En effet, les patrons et les syndicats se sont mis d’accord sur son contenu et vont maintenant solliciter la Conseillère d’État en charge du Département de l’économie et de l’emploi pour le dépôt du projet au Grand Conseil. En cas de refus de la majorité de droite y siégeant, le SIT s’engage à envisager le lancement d’une initiative. Car cette situation de mise en danger permanente de la santé et de la sécurité des travailleurs-euses n’est syndicalement et socialement plus tenable.