Baisse d’Impôts

Le grand mensonge sur la classe moyenne

Le SIT appelle à voter NON le 24 novembre prochain à la baisse d’impôt fallacieusement présentée comme un soutien à la classe moyenne.

Référendum cantonal ● C’est une vaste tartufferie. Le 24 novembre prochain, nous voterons sur la mère des batailles de la droite patronale : faire un pas de plus dans leur projet politique de remise en cause de toutes les formes de redistribution de la richesse, en baissant l’imposition des personnes physiques. Camouflée en soi-disant « soutien à la classe moyenne », cette réforme ne profitera en réalité qu’aux plus riches, alors que la majorité de la population y perdra : car le peu d’économie sur les impôts se traduira par une perte bien plus forte en matière de prestations publiques. Le SIT ainsi que l’ensemble des organisation syndicales s’y opposent. Raisons et explications.

Pouvoir d’achat mon œil

Cette baisse est vendue comme une aide pour le pouvoir d’achat. Un argument trompeur : dans la baisse d’impôt proposée, il faut un revenu de près de 100 000 frs pour qu’il y ait un impact visible sur le revenu disponible (au moins 1 000 frs). En dessous, les montant économisés sont trop bas pour changer la situation des salarié-e-s. Et pour cause, c’est par d’autres moyens qu’on améliore le pouvoir d’achat : augmentation des salaires, baisse des primes d’assurances, et baisse des loyers. Or, ces trois moyens sont précisément refusés par ceux qui veulent la baisse d’impôt (patronat et ses relais politiques) : cherchez l’erreur !
À titre d’exemple, les demandes de rattrapage salarial pour combler la perte de pouvoir d’achat sont de Avec un salaire de 5 000 frs par mois, cela représente 3000 frs de plus par an, qui serait un vrai plus pour le pouvoir d’achat. Mais dans le projet de baisse d’impôt, il faut gagner plus de 20 000 frs par mois pour atteindre ces 3 000 frs d’économie. Donc appartenir aux 5 % les plus riches des contribuables.

Hauts revenus encore privilégiés

Les personnes qui en ont le plus besoin, parce que leurs salaires sont les plus bas, ou parce que ce sont des retraité-e-s qui survivent de rentes misérables, sont exclues de la baisse : 31%, donc presque une personne sur trois, n’aura aucune baisse, car ils-elles ne paient pas d’impôt, en raison de leur situation économique. Pour le quart suivant des contribuables qui ont des revenus modestes à moyen (35 000 à 72 000 frs de revenu annuel), la baisse est tellement faible qu’elle ne correspond au mieux à moins d’1.50 frs par jour. Autant dire rien.

Pertes massives pour les services publics

Et surtout, la baisse d’impôt n’est pas sans conséquences : car les impôts sont le prix des prestations publiques : école, subsides maladie, soins hospitaliers et à domicile, EMS, gratuité des TPG etc., tout ce que les salarié-e-s ne peuvent pas se payer avec leurs salaires, sans parler des investissements dans l’amélioration des transports publics, l’isolation des bâtiments face au réchauffement climatique, et transformer l’économie vers du plus soutenable.
Or la baisse d’impôt, c’est 430 millions de pertes pour les collectivités publiques, canton et communes. Pour certaines communes, surtout Genève, Lancy, Plan-Les-Ouates, Vernier, Meyrin, Carouge, elles seront même massives.

Classe moyenne perdante

Un bref calcul montre donc qu’en réalité, la classe moyenne est perdante : 430 millions de pertes, cela correspond à 1 200 frs par contribuable. Or la classe moyenne comme les revenus modestes consomment plus de prestations publiques qu’ils-elles ne paient d’impôt. Pour atteindre 1 200 frs d’économie d’impôt dans la baisse proposée, il faut déjà avoir un revenu de plus de 10 000 frs par mois. Seuls les 20% les plus riches des contribuables sont concerné-e-s, alors que les 80%, donc la classe moyenne, auront plus à y perdre qu’à y gagner. D’ailleurs, le Conseil d’État lui-même l’annonce : avec cette baisse, les budgets redeviendront déficitaires dès 2026. Donc il y aura des coupes dans les services publics et donc dans les prestations à la population. CQFD.

Jean-Luc Ferrière