Soins infirmiers ● Lors d’une conférence de presse tenue le 7 janvier, le Conseil d’État a annoncé le financement de nouvelles bourses pour les étudiant-e-s en soins infirmiers. Objectif : faire face à la pénurie d’infirmiers et d’infirmières. Cette initiative, coup de pouce sans doute bienvenu pour de nombreux-ses étudiant-e-s de la HEDS, ne répond qu’à une partie du problème. Nathalie Fontanet et Anne Hiltpold l’ont elles-mêmes reconnu : face à la pénurie de personnel dans ce domaine, il ne suffit pas d’encourager la formation, il faut aussi s’assurer que le personnel ne quitte pas le métier prématurément, en améliorant les conditions de travail.
Aveux à demi-mots
En matière de salaires, Nathalie Fontanet botte toutefois aussitôt en touche, renvoyant la revalorisation des salaires à l’entrée en vigueur du projet G’Evolue, refonte complète de la politique salariale de l’État. Problème, c’est la réponse qui a été opposée durant plus d’une décennie (projet SCORE) aux demandes légitimes de revalorisations salariales. Autant dire qu’elle est aujourd’hui inaudible.
Quant à Anne Hiltpold, elle indique qu’il y a « des discussions à avoir avec les employeurs sur les horaires et des aménagements du travail ». Contorsions et euphémismes, dans la bouche d’une élue PLR, pour éviter d’admettre complètement l’évidence, ou de voir l’éléphant au milieu du salon : il faut réduire la durée du travail dans le secteur des soins !
Réduire le temps de travail
La réduction du temps de travail (RTT) sans perte de salaire permettrait en effet de répondre à la pénibilité des métiers du soin. Ces professions, marquées par des horaires irréguliers et éprouvants, mettent trop souvent en danger la santé physique et mentale des soignant-e-s. Résultat, de l’aveu même de nos deux conseillères d’État PLR, les infirmiers-ères ne restent dans le métier que 5 ans à 7 ans.
Une RTT garantirait des périodes de repos supplémentaires, facilitant une meilleure conciliation entre vie professionnelle et personnelle, mais surtout éviterait l’épuisement dont sont victimes de trop nombreux-ses professionnel-le-s de la santé.
Dans un contexte de pénurie chronique, offrir des conditions de travail attractives est essentiel pour attirer de nouvelles recrues et les garder ensuite dans la durée, tout en soulageant les équipes existantes. Des exemples réels appuient cette idée : notamment en Suède, où un EMS a testé la journée de six heures, constatant une augmentation de la satisfaction au travail et une amélioration des soins, ou encore à Zurich, où un hôpital a réduit de 10 % la durée du travail, avec pour effet la réduction du nombre d’absences et d’arrêts de carrière.
Des mesures à concrétiser
Le SIT, avec le Cartel intersyndical du personnel de l’État et du secteur subventionné, avait présenté un cahier de revendications féministes à l’occasion de la grève féministe en 2023. La première de ces revendications était la réduction du temps de travail, sans perte salariale. Dans le cadre de négociations avec le Conseil d’État autour de ce cahier de revendications, des projets pilotes de réduction du temps de travail ont été évoqués, mais sans qu’aucun projet ne soit concrétisé pour l’instant.
Le temps des demi-mesures est révolu. Il ne s’agit pas de seulement discuter « d’aménagement du travail » à la marge avec les employeurs (rappelons que les HUG ne respectent toujours pas la Loi sur le travail), mais d’octroyer les moyens nécessaires aux établis-
sements de soins pour qu’il puissent réduire significativement la durée du travail sans perte de salaire. Cela a évidemment un coût, mais c’est le prix à payer pour en éviter un autre bien plus élevé : celui d’un effondrement du système sanitaire faute de bras pour répondre aux besoins de la population.
Sandra Froidevaux