Le SIT condamne avec fermeté le massacre à large échelle en cours à Gaza, que même l’action assimilable à des crimes de guerre du Hamas du 7 octobre dernier ne saurait justifier.
Il faut appeler un chat un chat. Le massacre et la prise d’otages perpétrés par la branche armée du Hamas le 7 octobre dernier est une action assimilable à des crimes de guerre, et doivent être condamnés comme tels. Et l’on ne saura non plus passer sous silence le fait que le Hamas n’est pas la plus démocratique, progressiste et féministe des organisations que l’on connaisse, bien au contraire. Mais cela ne justifie pas qu’un territoire – occupé – soit rasé au sol, des familles entières massacrées, jusqu’au cœur des hôpitaux, écrasées sous les bombes, privées de soins, d’eau, de nourriture, et depuis des décennies, d’avenir. Un tel déferlement de violence aveugle n’éradiquera pas la guerre, mais au contraire la nourrit.
POUR UN CESSEZ-LE-FEU
Bien évidemment, un mouvement syndical qui porte aussi les valeurs de solidarité internationale entre les peuples face à l’oppression ne peut qu’appeler à un cessez-le-feu immédiat, et surtout, à notre niveau, à s’offusquer des prises de position du conseiller fédéral Ignacio Cassis consistant à justifier les massacres en cours au nom d’un prétendu « droit d’Israël à se défendre ». Car cette doxa ne fait que légitimer et perpétuer le conflit israélo-palestinien, et occulter le fait que derrière la notion de « territoires occupés », il y a un occupé et un occupant, et que c’est ce rapport de domination qui constitue le terreau de la violence. De plus, plutôt que de couper le financement à trois ONG actives dans le domaine des droits humains en Israël et en Palestine, la Suisse devrait plutôt cesser toute forme de commerce
qui alimente la guerre et agir en faveur d’une paix juste et durable.
L’OCCUPATION PERPÉTUE LA VIOLENCE
L’occupation est l’expression d’un régime d’apartheid imposé par les forces politiques et militaires réactionnaires au pouvoir en Israël. Celui des humiliations quotidiennes, des murs érigés au milieu des champs et des localités, qui séparent les êtres humains, qui rallongent le chemin de l’école de dizaines de kilomètres à parcourir à pied, et qui bouche la vue sur cette vallée autrefois si belle. C’est celui
des arrestations et des détentions arbitraires, y compris d’enfants, celui d’un père assassiné par un colon au pied d’un olivier, celui d’une mère bousculée par un militaire à un checkpoint parce qu’elle va chercher de l’eau, celui des punitions
collectives, des maisons rasées pour un caillou lancé sur un véhicule blindé. Les Palestinien-ne-s vivent dans une prison à ciel ouvert, la plupart sans travail, privé-e-s de dignité, de toute perspective, et de tout autre sentiment que la colère.
Nous n’avons pas la prétention d’avoir la solution pour mettre fin à cette spirale infinie de la violence. Mais une chose est sûre, ce n’est pas en fermant les yeux sur l’oppression qu’on le fera.
CONTRE L’ANTISÉMITISME ET L’ISLAMOPHOBIE
Dénoncer ces mécanismes d’oppression, c’est aussi sortir du discours opposant une population à une autre. Un discours manichéen terreau d’autres fléaux aux antipodes des valeurs du mouvement syndical : l’antisémitisme et l’islamophobie, que ce conflit irrésolu ne fait qu’attiser, qui plus est dans un contexte de progression de l’extrême-droite aux relents fascistoïdes partout dans le monde. Nous y opposons résolument ce qui fait notre ADN, la solidarité entre les travailleuses et les travailleurs de tous les pays, sans discrimination de genres,
d’origine sociale ou géographique, de culture ou de religion.
Davide De Filippo, article SITinfo décembre 2023