Université

Internalisons maintenant le personnel des cafétérias

Après la décision de l’Assemblée de l’Université en 2021, et les scenarii présentés par la HEG cette année, il est temps de mettre en œuvre l’internalisation des cafétérias à l’Université.

Lutte contre la précarité ● En décembre 2021, l’Assemblée de l’Université, un organe participatif, s’est positionnée en faveur de l’internalisation des cafétérias universitaires à moyen terme. Dans la foulée, le rectorat, en collaboration avec les syndicats, a mandaté une équipe de la HEG pour étudier divers scénarii possibles. Ceux-ci, présentés cette année, sont au nombre de trois : une internalisation complète de la restauration et deux scénarii d’internalisation partielle, comprenant une collaboration avec les HUG pour les achats des marchandises uniquement ou également pour la production. Le coût de l’internalisation réside principalement dans l’augmentation de la charge salariale du personnel, car en finir avec la précarisation de ce personnel a un coût. Pour les syndicats, l’enjeu est maintenant de déterminer un calendrier de mise en œuvre qui ne soit pas renvoyée aux calendes grecques. Avec l’internalisation, l’Université pourra être un employeur responsable et corriger une inégalité de traitement entre collègues du personnel administratif et technique (PAT). Plutôt que de se contenter d’étudier la précarité, l’Université doit cesser de la produire elle-même !

Une revendication de la grève féministe

En 2019 déjà, le personnel de l’Université de Genève avait inscrit dans le cahier de revendications de la grève féministe la demande d’internaliser le personnel des cafétérias. Cette revendication, solidaire de ce personnel engagé aujourd’hui par une entreprise privée, était soutenue par les syndicats CUAE, SIT et SSP, par des associations du corps intermédiaire et par l’association du PAT. Elle vise à lutter contre la précarité au travail, au même titre que d’autres revendications telles que la lutte contre le temps partiel imposé.
Depuis, les syndicats SIT et SSP ont continué à porter la revendication de l’internalisation. C’est ensuite le mouvement étudiant qui a permis d’en débattre. En effet, lors de l’occupation d’une des cafétérias universitaires en 2021, le syndicat étudiant CUAE a également réclamé l’internalisation du personnel.

Précarité versus stabilité

La restauration est un secteur où la violence du marché du travail se fait sentir très fortement en raison des conditions de travail et des protections légales minimales, qui plus est bien souvent non respectées. À l’exception des cuisiniers-ères qualifié-e-s, le salaire minimum est de mise et les perspectives d’évolution salariale nulles. Après 10 ans de service, la différence de salaire entre une employée du secteur de la restauration et celle qui serait intégrée au personnel de l’Université serait de plus de 1200 frs par mois !
La durée du travail dans le secteur de la restauration est de 42h par semaine, au lieu des 40h appliquées au personnel de l’Université. Dans la restauration, les nombreuses heures de travail supplémentaire sont bien souvent non-enregistrées et donc non payées ou non compensées. Les pauses obligatoires sont souvent décomptées automatiquement bien que non ou partiellement prises. La pression au travail est très élevée, notamment via le management souvent très dur. Trop souvent, lors d’une maladie de longue durée, le personnel est licencié dès que la période de protection est terminée (1, 3 ou 6 mois), peu importe l’âge ou l’ancienneté. Enfin les droits syndicaux sont inexistants dans la restauration. Si on apprend que vous êtes syndiqué-e-s, si vous réclamez le respect de vos droits, si vous vous plaignez ou exprimez un désaccord, vous vous exposez au licenciement.
Comme l’affirmait au SIT une employée de l’entreprise de restauration NOVAE qui travaillait dans une cafétéria universitaire en 2021 : « Nous aimons notre travail ici et avons un fort lien avec les usagers-ères de l’Université. À l’unanimité mes collègues signeraient un contrat de fonctionnaire ! »

Clara Barrelet & Julien Repond