Marché du travail

Chômeurs-euses frontaliers-ères et marché du travail sous pression

Le gouvernement français a adopté un décret qui détériore
la protection sociale des travailleurs-euses frontaliers-ères, ce qui risque de mettre le marché du travail genevois sous pression.

Protection sociale ● En décembre dernier, SITinfo faisait sa Une sur les mesures envisagées par la France pour pallier les déficits du chômage français et les faiblesses des accords entre États. Le 21 mars dernier, le Gouvernement français a adopté un décret mettant en œuvre l’une de ces mesures : obliger les chômeuses et les chômeurs frontaliers-ères à accepter les offres d’emploi du lieu de résidence dont les salaires peuvent être nettement inférieurs au salaire de l’emploi perdu de ce côté-ci de la frontière. Au bout du deuxième refus, le-la travailleur-euse risque d’être radié-e de l’assurance-chômage. Avec l’USS, Unia et le SSP, le SIT se joint aux syndicats français (CGT), belges (FGTB) et Luxembourgeois (OGBL) pour dénoncer ce tour de vis sur la protection sociale de milliers de travailleuses et travailleurs.
Cette mesure, outre à faire des économies dans l’assurance-chômage française faute d’une répartition équitable de son financement entre les États (entre les pays de résidence et les pays d’emploi), ne vise qu’à satisfaire le patronat français, pourtant responsable de la disparition de nombreux emplois industriels dans les zones frontalières.
Quant à celles et ceux qui seraient tenté-e-s de croire, abreuvé-e-s depuis des années par le discours simpliste du MCG, que cette mesure aurait des conséquences « bénéfiques » pour le marché de l’emploi suisse, ils-elles se trompent lourdement. Face à cet affaiblissement majeur de la protection sociale en France, la crainte de perdre l’emploi de ce côté-ci de la frontière s’en trouvera décuplée, rendant les travailleuses et travailleurs frontaliers-ères plus vulnérables aux abus patronaux. Il en résultera une pression accrue sur l’emploi et les salaires de ce côté-ci de la frontière, ce dont souffriront l’ensemble des travailleurs-euses, y compris résident-e-s.
Les syndicats appellent donc le gouvernement français à renoncer à ce décret, dont la légalité semble de surcroît douteuse. Dans l’intervalle, le SIT rappelle aux travailleurs-euses frontaliers-ères qu’en cas de perte d’emploi à Genève, ils-elles peuvent aussi s’inscrire comme demandeurs-euses d’emploi auprès de l’Office cantonal de l’emploi, ce qui leur donne accès aux offres d’emploi en Suisse.