Services publics

3 milliards d’excédent : merci qui ?

Avec un excédent de 541 millions aux comptes pour 2024, l’État de Genève porte son « bénéfice » sur 3 ans à… 3 milliards. Sur le dos du personnel et des prestations publiques.

Comptes 2024 ● Il en désormais ainsi : le Conseil d’État élabore des budgets dont les revenus sont systématiquement sous-évalués. Cette sous-estimation chronique des ressources sert à imposer l’austérité néolibérale en pleine période de croissance alors que les besoins de la population explosent. Les conséquences sont multiples : non indexation des minimas sociaux et maintien dans la précarité, absence de compensation de la perte de pouvoir d’achat de la population, manque de postes, dégradation des conditions de travail dans le secteur subventionné en particulier dans le social et la santé, défaut de prise en charge dans l’éducation spécialisée, etc.

Baisse d’impôts et baisse des prestations

La droite libérale a réussi à faire passer une baisse d’impôt massive pour les personnes physiques. Comme toujours, cette baisse d’impôt profite aux plus riches et a des conséquences directes sur la qualité des prestations. L’État-employeur, dominé par les PLR, a décidé de concentrer son feu sur la jeunesse et la formation : augmentations tous azimuts du « temps devant l’élève » au détriment de la préparation et de l’accompagnement social (au primaire, au secondaire, à l’OMP). Tandis que sur le front du social et des soins, il refuse la revalorisation des salaires du personnel alors que la pénurie est dans toutes les bouches. Les HUG n’ont quant à eux toujours pas les moyens de respecter la Loi sur le travail, tout comme certaines institutions qui confondent bénévolat et travail salarié.

Ce n’est pas fini : attention aux lois corsets !

La droite parlementaire, toujours avide de maintenir les privilèges et les inégalités sociales, a pondu les lois corsets. Pour rappel, ces lois prévoient que, en cas de budget déficitaire, les charges ne peuvent pas augmenter de manière plus importante que la croissance de la population. Au-delà du problème des budgets systématiquement déficitaires, ces projets nient complètement l’augmentation de la précarité et des besoins plus rapides que l’augmentation de la population. Le Conseil d’État a d’ailleurs présenté l’évolution des charges et des dépenses au regard de la démographie. Résultats : entre 2019 et 2024, une croissance des revenus de 24 % ; une croissance des charges de 20 %, pour le personnel 14 % et pour les besoins sociaux 38 % ; tandis que la population croissait de 4.6 %. Une démonstration implacable : les besoins de la population augmentent plus rapidement que le nombre d’habitant-e-s. On le savait déjà, maintenant c’est écrit…

Porter nos revendications

Les attaques incessantes et mesquines de la droite contre les services publics et les précaires doivent cesser ! Avec ces moyens, l’État pourrait, par exemple, renforcer les prestations financières à la population qui servent à limiter les conséquences de la gloutonnerie des possédants (loyers et assurances maladie en tête), augmenter les financements du secteur subventionné (qui contribue à la lutte contre les inégalités), mettre sur pied un fonds intempéries, financer les reconversions professionnelles, créer des emplois écologiques et sociaux, financer l’école inclusive, revaloriser les fonctions précaires et en situation de pénurie (santé et social), développer des places de crèche avec du personnel formé… On a plein d’idées, mais c’est pas nous qu’on décide ! À la population et aux forces militantes de se faire entendre par tous les moyens et de porter avec détermination ses revendications !

Jérôme Chapuis

Campagne