SANTÉ AU TRAVAIL

Pour ne pas mourir de chaud au travail

Face aux fortes chaleurs, les employeurs doivent prendre des mesures de protection de la santé des travailleuses et des travailleurs.

Urgence climatique – Voilà plus de deux semaines que la température à Genève culmine à plus de 30°C, avec des pointes à 36°C. L’été est bien là, plus chaud que jamais, n’en déplaisent aux irresponsables qui nient encore, envers et contre tout, l’urgence climatique dans laquelle nous sommes. Alors tandis que la montagne s’effondre littéralement sous nos yeux, et que la droite et le patronat continuent de tergiverser sur les mesures urgentes à prendre pour combattre le réchauffement climatique, rappelons qu’il appartient légalement aux employeurs de protéger la santé des travailleurs-euses contre les effets de ce réchauffement.

Danger pour la santé

Car travail et fortes chaleurs ne font pas bon ménage, et comportent des risques majeurs pour la santé : réduction des capacités cognitives et de la vitesse de réaction, ce qui peut provoquer des accidents de travail, déshydratation, pouls rapide, crampes musculaires, confusions, vertiges, syncope jusqu’aux coups de chaleur, mortels dans 15 à 25 % des cas. Le stress thermique aggrave également nombre de maladies chroniques cardiaques, rénales, respiratoires, ou encore le diabète. Fatigue, maux de tête, nausées, vertiges et crampes doivent alerter, car ce sont souvent des symptômes précurseurs de troubles plus graves.Et ces risques sont d’autant plus grands en fonction de l’effort physique qui est déployé, et de l’exposition à d’autres facteurs aggravants(fort taux d’humidité, rayonnement solaire, proximité avec d’autres sources de chaleur, ou encore vêtements qui empêchent l’évacuation de la chaleur corporelle) : port de charge, marche rapide, pelletage, sciage, travail au marteau, à la hache, en position courbée, toutes activités impliquant des efforts intenses et prolongés.

© Immo Wegmann

Mesures de protection

Tant le Code des obligations que la Loi sur le Travail le disent : l’employeur doit prendre toute mesure utile à la protection de la santé des employé-e-s. L’inspection du travail, chargée de veiller à l’application de la Loi sur le travail, a ainsi émis des directives à l’attention des employeurs, qui précisent les mesures à prendre selon différents seuils de température et d’expositions ou non aux facteurs aggravants tels qu’évoqués ci-dessus.Les mesures que l’employeur doit prendre sont de trois natures. D’abord des mesures techniques : mettre à disposition de l’eau, des dispositifs de protection tels que toiles pour ombrager les lieux de travail, ventilateurs, etc. Ensuite des mesures organisationnelles : adapter les horaires de travail, planifier les tâches les plus physiques aux heures les moins chaudes, voire reporter certains travaux, multiplier les pauses, jusqu’à15mn toutes les heures. Et enfin des mesures de protection personnelle : mettre à disposition de la crème solaire, des lunettes de soleil, des protège-nuques, des vêtements de travail permettant l’évacuation de la sueur.

ARRÊTER LE TRAVAIL

Le cadre légal est encore lacunaire en matière d’arrêt de l’activité. L’unique seuil fixé dans la loi est celui qui autorise les femmes enceintes à arrêter le travail dès 28°C, avec garantie du salaire à 80%. Pour le travail à l’extérieur, l’Office cantonal de l’inspection et des relations du travail a fixé des seuils bien plus élevés, et qui tiennent compte des différents facteurs aggravants. À noter qu’avant d’atteindre les seuils les plus extrêmes, la poursuite des activités n’est autorisée qu’à condition que l’employeur ait préalablement annoncé auprès de l’inspection du travail son intention de poursuivre le travail, intention qui doit être assortie d’un plan de protection.

Davide De Filippo