Justice climatique

OUI à une initiative capitale pour notre avenir

Imposer les successions supérieures à 50 millions pour financer la transition écosociale ? Évidemment.

Initiative fédérale • Si on prend du recul, quels sont les deux plus gros défis de notre société, ici en Suisse ? Sans hésiter, on peut dire le réchauffement climatique, qui, si on reste dans la quasi-inaction actuelle, va vraiment nous tomber sur la tête d’ici aux décennies qui arrivent ; et les inégalités sociales, qui n’en finissent pas de se creuser depuis 30 ans, alors qu’entre 1940 et 1990, elles s’étaient au contraire réduites.
Or « l’initiative pour l’avenir », qui porte d’autant mieux son nom qu’elle est portée par des jeunes, cherche à donner une réponse concrète à cette double problématique, en proposant un impôt sur les successions dépassant 50 millions, pour lutter contre la crise climatique. Elle ne vise donc que les super-riches, sur le principe du « pollueur-payeur ». Le SIT appelle sans hésiter à voter OUI à cette initiative.

Plus on est riche, plus on pollue

Car plus on est riche, plus on pollue. C’est scientifiquement démontré : une fois les besoins indispensables couverts, on se tourne bien sûr vers le moins nécessaire, voire le superflu. Quand on est super-riche, on fait dans le super-superflu ! Une étude récente montre que le 0,01 % des plus riches émet 1660 fois plus de CO2 qu’une personne faisant partie de la moitié la moins favorisée de la planète ! À l’échelle mondiale, via leur consommation et leurs investissements, les 10 % les plus riches émettent presque du 50 % total de CO2 relâché chaque année dans l’atmosphère. En Europe, la moitié de la population la plus défavorisée émet 5 tonnes de CO2 par personne, tandis que parmi les 10 % plus riches, chaque personne en émet 30 tonnes par année.

les héritages creusent les inégalités

Sur l’autre versant, celui des inégalités, l’imposition des très grosses successions permettrait de réduire l’inégalité fiscale. Actuellement, le 1 % des contribuables les plus riches de Suisse détient plus de 40 % de la fortune privée totale, et ce chiffre est en augmentation. Étant donné que cette fortune est largement sous-imposée et que les gains en capital ne le sont pas du tout, l’imposition sur les successions que propose l’initiative corrige un peu cette injustice fiscale. Plutôt que de taxer les travailleuses et les travailleurs, qui subissent par ailleurs de plein fouet le gel patronal des salaires, l’inflation et l’augmentation des primes maladie, sans parler du vol des rentes, cette initiative vise à la fois celles et ceux qui en ont les moyens, mais également celles et ceux qui portent donc le plus de responsabilité de la crise climatique. Il faut se rappeler que les successions sont complètement exonérées d’impôt au plan fédéral, et qu’elles le sont à Genève pour les héritiers-ères en ligne directe. L’absence d’imposition de ces immenses patrimoines reproduit et augmente les inégalités à chaque génération.

OUI pour notre avenir

Les opposants, patrons, milieux économiques, soit la majorité de droite et de droite extrême (avant tout PLR et UDC) sont vent debout contre cette initiative, qui freinerait un peu leur appétit démesuré de faire main basse sur les richesses du pays sans se préoccuper des conséquences sur le climat, dont ils rejettent chaque fois la moindre loi qui permettrait une protection. Ils vont mettre des millions dans la campagne. De notre côté, nous avons la force du nombre, de la conviction et de la volonté dans un futur plus égalitaire, moins pollué et moins détruit. Nous pouvons gagner ! Pour nos enfants, nos petits-enfants et nos jeunes, nous devons gagner.
Le SIT a soutenu l’initiative au stade de la récolte de signatures en octobre 2022 déjà, et a réitéré son appel à voter OUI lors de la votation. Essayons de réduire les inégalités et de se protéger contre les futures atteintes au climat : votons massivement OUI à cette initiative forte.

Jean-Luc Ferrière