Votre syndicat

Maintenir la flamme

Après dix ans, respectivement six ans à la présidence du SIT, Diego et Ana Paula remettront leur mandat au prochain Congrès du SIT.

Bilan • Ana Paula Ferraz et Diego Cabeza passeront le témoin de la présidence lors du Congrès du SIT, qui aura lieu le 15 novembre prochain. Impossible de les laisser remettre ce mandat sans les remercier chaleureusement pour leur engagement et sans jeter un coup d’œil dans leurs rétroviseurs.

Quels regards portez-vous sur l’évolution du monde du travail durant toutes ces années ?
Diego : Il s’est durci. Les politiques patronales précarisent et divisent de plus en plus les travailleuses et les travailleurs. Cela fragilise l’emploi mais aussi la capacité de ceux-celles-ci à se défendre collectivement. Les mécanismes de redistributions sont remis en cause, et la peur du lendemain s’installe.
Ana Paula : Dans un monde du travail qui change vite, peut-être un peu trop, c’est un défi de faire comprendre aux salarié-e-s leur intérêt à renforcer le syndicat, à en devenir membre et à le rester une fois leur dossier individuel traité. C’est une question de solidarité avec les autres. Car la force collective du syndicat est essentielle, et repose sur l’engagement de chacun-e de ses membres.

Et le SIT ? L’avez-vous vu aussi évoluer ?
Ana Paula : Je crois qu’il continue à être respecté, grâce à sa nature interprofessionnelle et son ancrage dans les réalités locales. Son comité s’est aussi renforcé. Les militant-e-s s’y sentent légitimes, leur parole compte et ne sont pas jugé-e-s s’ils-elles ont parfois quelques difficultés avec le français. C’est un lieu d’une extraordinaire solidarité. On s’y sent bien, en confiance. En tant que femme et migrante, c’est très important. C’est une histoire humaine, que je crois propre au SIT. Mais il faut aussi le rajeunir, car ce sont les jeunes qui mèneront les prochaines batailles.
Diego : On y arrivera, j’en suis sûr. On a un superbe comité, avec des gens engagé-e-s et motivé-e-s. Et la relève est aussi là au sein du secrétariat. Ce n’est pas évident pour les nouveaux-elles, mais ils-elles peuvent compter sur l’expérience des plus anciens-nes. Tous-tes sont mu-e-s par une profonde humanité et aspiration à la justice sociale, et sont capables d’analyses pertinentes et autonomes. Cela permet au SIT de rester un syndicat capable de luttes, de propositions et de solutions pragmatiques. Un syndicat capable de tenir des lignes sans être dogmatique.

Votre meilleur souvenir ?
Ana Paula : Les grèves chez Orgapropre et Onet. Des luttes marquantes, des piquets de grève dans le froid, de nettoyeuses et nettoyeurs précaires, âgé-e-s pour certain-e-s d’entre eux-elles. Des moments très forts, de dignité et d’unité. Et des luttes qui donnent du courage.
Diego : En écoutant le témoignage de certaines travailleuses et travailleurs, j’en ai parfois pleuré. Lorsque l’on se bat pour alléger les souffrances des gens, cela confirme la justesse de notre engagement. Je pense aussi à l’opération Papyrus, la foule réunie au Palladium, la communion collective chargée d’espoir, puis les permanences pour constituer les dossiers.

Et maintenant, qu’allez-vous faire ?
Diego : Continuer à militer ! Je vais continuer à suivre le groupe de travail G’Evolue, et à m’engager au sein de la commission climat du SIT.
Ana Paula : Je suis juge Prud’hommes, une activité passionnante que je vais poursuivre, tout comme mon engagement dans mon secteur d’activité, l’IMAD et plus largement les services publics. Et je suis sûre que la future présidence saura reprendre le flambeau. C’est comme les jeux olympiques, il ne faut jamais laisser la flamme s’éteindre !

Propos recueillis par
Davide De Filippo