Salaire minimum légal

Les « jobs d’été », un écran de fumée sur la précarité étudiante

En parlant de « jobs d’été », la droite minimise les besoins économiques des étudiant-e-s, pour faire passer un projet de loi antisocial.

Référendum ● Pour justifier une baisse de 25 % du salaire minimum légal, l’attaque de la droite contre le salaire minimum pour les étudiant-e-s s’articule à une vision volontairement faussée et édulcorée de leur profil. Parler de « petits jobs d’été », évoque des étudiant-e-s qui n’auraient besoin que d’« l’argent de poche », très jeunes (entre 19 et 25 ans), sans enfants et sans logement à payer. Cette vision ne correspond pas du tout à la réalité, ce que démontre la statistique des conditions de vie des étudiant-e-s (2024) de l’OFS.

Un salaire pour survivre


En ce qui concerne l’âge, entre un tiers et 60 % des étudiant-e-s (selon le type de haute école, Uni, HES ou HEP) ont plus de 25 ans, soit au total près de la moitié, et les trois quarts travaillent à côté de leurs études. Ce travail rémunéré représente plus de 40 % de leurs ressources (contre 4 % pour les bourses, très largement insuffisantes, et inférieures à la moyenne européenne, et 50 % par la famille). Mais cette part augmente avec l’âge : si, jusqu’à 20 ans, elle est marginale (12 %), et d’un tiers entre 21 et 25 ans, elle atteint presque 60 % entre 26 et 30 ans, pour dépasser les 70 % dès 31 ans. Le revenu salarial est donc très important : pour une moitié des étudiant-e-s, il représente entre les ⅔ et les ¾ de leurs ressources pour subvenir à leurs besoins.
D’autant que pour le logement, 60 %, en moyenne, des étudiant-e-s ne vivent pas chez leurs parents. Et dès l’âge de 26 ans (près d’une moitié des étudiant-e-s), cette proportion passe à plus de 70 % (et à 90 % à partir de 31 ans). Pour la plupart, donc, il faut payer un appartement (seul ou avec un-e partenaire et/ou avec des enfants), ou une collocation, ou un foyer.

Trois journées de travail


La plupart des étudiant-e-s cumulent par conséquent temps d’étude et de travail. Ainsi, Le « budget-temps » hebdomadaire des étudiant-e-s s’élève à 51 heures en moyenne, avec 33,3 heures pour les études, 10,4 heures pour l’activité rémunérée, 6,2 heures pour le ménage (y compris la garde des enfants) et 1,2 heure pour les activités bénévoles. Mais cette charge globale augmente avec l’âge et selon la condition sociale des parents : elle passe d’une moyenne de 49 heures pour les étudiant-e-s les plus jeunes à 61 heures pour les plus âgé-e-s. En termes de taux, un tiers des étudiant-e-s travaillent à plus de 40 %, surtout lorsque leurs parents n’ont pas un niveau d’étude supérieur. Mais à partir de 26 ans, 40 % des étudiant-e-s travaillent à plus de 40 %, et dès 30 ans, presque 60 %, dont un tiers à plus de 60 %. La baisse du salaire minimum contraindrait les étudiant-e-s à consacrer encore plus de temps à leur survie économique, et donc moins à leurs études.
D’autant que le revenu médian des étudiant-e-s se situe en Suisse à 2282 francs. Pas étonnant que dès l’âge de 26 ans, 20 % des étudiant-e-s ont des difficultés financières graves à très graves, et même un quart (25 %) entre 31 et 35 ans.

NON le 8 mars prochain


La situation des étudiant-e-s n’est donc pas celle que veulent faire croire les patrons et la droite qui promeut ce dumping salarial. Elle précariserait clairement une bonne part des étudiant-e-s, en diminuant leur capacité de gain pendant les vacances, un moment pendant lequel ils-elles peuvent travailler pour financer une partie du reste de l’année. Elle augmenterait également la dépendance aux familles, favorisant les seules familles riches. Elle s’inscrit donc dans un contexte d’élitisation des études supérieures, contraire à une politique d’amélioration de l’accès à chacun-e aux études et de hausse du niveau de formation de la population, dont la Suisse a besoin.

Baisser le salaire minimum des étudiant-e-s de plus de 1 000 frs/mois durant les vacances ? Le 8 mars prochain, votons NON à cette nouvelle ineptie de la droite patronale.

Jean-Luc Ferrière

Campagne