Caméra dissimulée dans les douches des femmes du Grand Théâtre de Genève : à quand la fin des violences sexistes ?
Égalité ● Sexisme ordinaire, harcèlement sexuel et caméra cachée dans les douches du personnel féminin, un long continuum de violence sexiste qui révèle un climat de travail discriminatoire persistant au sein du Grand Théâtre de Genève. Il est temps d’appliquer la tolérance zéro.
Voyeurisme et yeux fermés
Une caméra cachée dans les douches du vestiaire du personnel féminin technique et de salle a été découverte par une employée à la mi-mars 2025. Cette situation a créé la stupeur et la colère au sein du personnel qui réclame dans une lettre ouverte des mesures urgentes et sérieuses de la part de la Direction et de la Ville de Genève et une pleine transparence dans le traitement de cette affaire. L’enquête de police, ouverte à la suite des plaintes pénales déposées, a aussi révélé qu’une situation similaire avait été découverte dans les vestiaires des danseuses en 2014, mais qu’elle avait été tue par la direction de l’époque et qu’aucune mesure n’avait été mise en place.
Revendications syndicales
Les syndicats ont interpellés la Fondation du Grand Théâtre et la Ville de Genève pour rappeler les obligations de l’employeur de prendre toutes les mesures pour protéger la santé et la sécurité du personnel, d’accompagner les victimes et les soutenir concrètement dans leurs démarches juridiques, de prononcer des excuses et de dédommager le personnel affecté par cette situation, de mettre en place des mesures préventives et de formation, ainsi que de restaurer la confiance et un climat de travail sain et non discriminatoire. À ce jour, il a été mis en place un soutien psychologique, des contrôles réguliers des locaux et des mesures techniques pour limiter l’accès aux vestiaires. Des formations sur le harcèlement et le sexisme sont prévues pour les cadres, les responsables RH et les formateurs-trices d’apprenti-e-s, qui seront ensuite étendues à l’ensemble des employé-e-s. Le personnel en demande plus, car cette affaire met en lumière un climat de travail sexiste persistant.
Climat sexiste persistant
Pour celles et ceux qui s’en souviennent, une importante affaire de harcèlement sexuel et de mobbing avait affecté le service des tapissiers-accessoiristes de l’institution entre 2002 et 2007. Le SIT avait dû mener une longue bataille collective pour faire reconnaître les faits, réintégrer le personnel injustement déplacé, obtenir des excuses de l’employeur et un dédommagement pour les torts subis. Le statut du personnel de la Ville de Genève avait ensuite été modifié pour mettre en place une procédure de plaintes plus adaptée en matière d’atteinte à la personnalité et renforcer les droits des plaignantes. Malgré les engagements de la direction de l’époque à instaurer un climat de travail sain et respectueux des personnes, et des femmes en particulier, le climat de travail demeurait sexiste et un obstacle à l’intégration de nombreuses femmes dans les services techniques très masculins de l’Opéra. Cette atmosphère toxique n’a pas cessé à ce jour.
Mobilisation et provocation
Lors de la manifestation de la Grève féministe du 14 juin 2025, une halte a eu lieu devant le Grand Théâtre de Genève. Des employées masquées ont pris la parole pour dénoncer l’atteinte à leur dignité et à leur sphère intime, l’insuffisance des mesures prises par l’employeur et une certaine banalisation de l’événement. Plusieurs femmes ont ensuite été confrontées à des blagues sexistes, minimisant l’infraction prouvant une fois de plus que la discrimination est institutionnalisée. En écho à ces propos, une intervention masculine inopportune a retenti depuis la fenêtre de l’étage supérieur huée ensuite par la foule rassemblée ! Les syndicats veulent maintenant une tolérance zéro à l’égard des auteurs et une lutte concrète contre le sexisme, même le plus ordinaire.
Valérie Buchs