Horaires des magasins

Le dimanche, on débranche

La droite repart à l’attaque pour ouvrir les magasins le dimanche. Face à l’obstination patronale, les syndicats saisissent à nouveau le référendum.

La droite repart à l’attaque pour ouvrir les magasins le dimanche. Face à l’obstination patronale, les syndicats saisissent à nouveau le référendum.

À vos stylos ● Ça commence à devenir lassant. À peine quatre ans après avoir essuyé un énième refus populaire de modifier les horaires d’ouverture des magasins, voilà que la droite patronale repart au combat. Une attaque plus modérée que la précédente, histoire de tenter d’emporter le morceau, mais qui pose toujours le même problème :ouvrir les magasins le dimanche en se déliant de l’obligation de négocier une convention collective en contrepartie. Et toujours avec les mêmes arguments fallacieux : lutter contre la concurrence du commerce transfrontalier et du commerce en ligne. Les syndicats, Unia en tête, ont donc lancé le référendum, au côté des partis de gauche.

Protéger les emplois et les conditions de travail

Le secteur du commerce est déjà marqué par des conditions de travail difficiles : horaires irréguliers, travail à temps partiel souvent imposé, stress et pression commerciale. L’ouverture des magasins deux dimanches supplémentaires, qui plus est durant la période déjà éreintante des fêtes de fin d’année, ne peut qu’aggraver ces conditions, en augmentant la charge de travail individuelle des collaboratrices et collaborateurs du secteur sans améliorer les salaires ou les protections sociales de manière globale, même s’il est prévu des compensations financières pour le travail dominical.

On peut craindre une précarisation accrue des emplois. Théoriquement, le travail dominical ne serait possible qu’avec l’accord des employé-e-s concerné-e-s. Mais on imagine mal que les vendeuses et les vendeurs puissent refuser systématiquement les sollicitations de leurs supérieurs hiérarchiques ou de leur employeur sans s’exposer à des mesures de rétorsions directes ou indirectes. Par ailleurs, la concurrence accrue entre commerces suscitée par cette ouverture dominicale pourrait pousser certains à réduire leurs effectifs ou à recourir davantage au travail temporaire.

Préserver les jours de repos communs

L’un des arguments majeurs des référendaires est la préservation du droit au repos du personnel de vente. Les dimanches doivent être considérés comme des moments de pause indispensables pour les travailleuses et les travailleurs et de partage avec leurs familles et leurs ami-e-s. L’ouverture des magasins le dimanche bouleverserait ce rythme sans aucune justification économique, imposant une pression supplémentaire sur les employé·e·s du secteur, déjà contraints d’accepter des horaires souvent très astreignants.

N’oublions pas non plus que l’ouverture des magasins le dimanche contraindrait au travail dominical de nombreuses travailleuses et nombreux travailleurs d’autres secteurs : transport, logistique, livraison, nettoyage, sécurité, petite restauration, etc, sans compter les impacts sur les riverains et sur la consommation d’énergie.

Soutenir les commerces de proximité et l’économie locale

Un autre point crucial est la défense des commerces de proximité. L’ouverture dominicale des magasins n’avantagerait que les grandes enseignes disposant d’un effectif suffisant pour assurer des horaires étendus, au détriment des petits commerçants, souvent déjà fragilisés par la concurrence en ligne et les grandes surfaces. Les petits commerces familiaux, qui assurent le lien social et l’animation des quartiers, seraient encore plus menacés qu’aujourd’hui.Quant au prétendu « bol d’oxygène » pour le commerce genevois, on nous ressasse encore et encore les mêmes arguments : lutter contre la concurrence du commerce transfrontalier et du commerce en ligne.

Or, dans les deux cas, ce ne sont pas les horaires qui sont en cause, mais bien la différence de prix pratiqués et l’évolution des modes de consommation. Et ce ne sont pas non plus les horaires d’ouverture qui auront un quelconque effet sur le pouvoir d’achat.

Clément Dubois