Salaire minimum légal

La motion Ettlin vacille

Tandis que le référendum se prépare, la commission de l’économie et des redevances du Conseil des États souhaite examiner une nouvelle version de mise en œuvre de la motion Ettlin.

Chambres fédérales ● Simple détour ou voie de garage ? Le 29 août dernier, la Commission de l’économie et des redevances du Conseil des États a publié un communiqué annonçant le « report de sa décision concernant les salaires minimaux », en demandant à l’administration fédérale « de s’atteler une nouvelle fois à la question des compétences constitutionnelles des différents niveaux de l’État en matière de salaires minimaux et d’examiner la possibilité d’adopter une réglementation transitoire et une clause de maintien des droits acquis ». Tandis que parallèlement à Genève, un comité référendaire local s’est constitué pour se préparer à mener la bataille.
Car il faut bien le dire, l’adoption en juin dernier d’une modification de la Loi fédérale sur l’extension des conventions collectives de travail introduisant la primauté des salaires conventionnels sur les salaires minimaux cantonaux est inacceptable. Non seulement elle remet en cause les compétences cantonales en matière de politique sociale et piétine la volonté populaire des cantons qui ont adopté ou sont en passe d’adopter un salaire minimum cantonal, mais elle signifie également des baisses de salaires pour les salarié-e-s les moins bien rémunérés, à des niveaux se situant en dessous du minimum vital.
Tandis que le Parti socialiste suisse se prépare au référendum, on en fait de même à Genève. Un comité référendaire local s’est constitué, et des contacts sont pris avec des camarades d’autres cantons directement concernés pour nous préparer à l’éventualité que le Conseil des États emboîte le pas au Conseil national en adoptant également cette modification.
Une perspective référendaire à laquelle la droite serait bien inspirée de réfléchir. Car on voit mal comment l’UDC, qui tire à boulets rouges sur les CCT étendues depuis des années, se mettrait tout à coup à en vanter les mérites, qui plus est au mépris d’une démocratie directe dont elle se prétend la championne. Quant aux autres, il faudra qu’ils-elles assument de faire campagne pour baisser les salaires des plus précaires… Gageons donc que les sénateurs-trices fassent preuve d’un peu plus de sagesse politique, en cherchant le moyen d’éviter une confrontation dans les urnes sur cet objet, qui pourrait bien d’avoir pour résultat… un plébiscite populaire pour les salaires minimaux cantonaux.

Davide De Filippo