La charge est brutale, frontale, décomplexée. Quelques semaines après la présentation du projet de budget 2026 du Conseil d’État, le PLR l’a sonnée, par la voix d’un député par ailleurs secrétaire d’une organisation patronale de la construction (GGE) : afin de combler le déficit des finances cantonales, la droite va s’attaquer aux droits sociaux de la population.
Le coût des subsides d’assurance maladie explosent ? Pour le PLR, il faudrait oser limiter leur versement au budget disponible. Premiers-ères arrivé-e-s, premiers-ères servi-e-s, et tant pis pour les autres. Tant pis pour l’égalité de traitement, tant pis pour le budget des ménages qui n’arrivent pas à tourner, et tant pis aussi pour le respect de la RFFA, qui avait « compensé » la baisse massive de l’imposition du bénéfice des entreprises par un élargissement du cercle des ayants droits auxdits subsides. Et comble du cynisme, c’est cette même RFFA que le secrétaire patronal PLR invoque pour refuser un déficit dépassant celui qui avait été imaginé à l’époque.
Or, s’il fallait trouver une réforme qui synthétise à elle seule la politique antisociale de la droite, c’est bien la RFFA : un deal mensonger, fait de cadeaux fiscaux durables et dévastateurs pour les finances publiques d’un côté, et d’augmentation des charges de l’autre, via la concession d’une aide répondant aux besoins de la population, mais aussitôt remise en question lorsque l’inévitable déficit public se produit. Et le reste n’est qu’une variante de la même politique. Baisse de l’imposition de la fortune et baisse de l’imposition sur le revenu, favorable aux plus élevés d’entre eux, avec à chaque fois la même rengaine mensongère : « Genève peut se le permettre », « Cette réforme sera indolore grâce à l’effet dynamique », « Il n’y aura pas de baisse de prestations ». Résultat ? L’accroissement des inégalités, et un déficit public qui sert maintenant de justificatif à la droite pour violemment s’attaquer aux moins bien loti-e-s : voilà le véritable « effet dynamique » des baisses d’impôts.
Alors taïaut ! Sus à l’aide sociale ! La droite dégaine l’artillerie lourde. Dans la presse, le même député PLR/secrétaire patronal affirme avoir demandé à l’administration « un tableau récapitulant toutes aides sociales et leurs bases légales ». Et ce ne sont pas des menaces en l’air : appuyée par une propagande nauséabonde sur l’aide sociale menée sur la chaîne de télévision locale aux mains d’une richissime famille proche du PLR (les Barbier-Mueller, gros propriétaires immobiliers à la tête de la régie Pilet & Renaud), la droite s’en prend ouvertement à l’Hospice général et à une autre explosion : celle de l’aide sociale. La droite constaterait-elle enfin la réalité de la précarité à Genève ? Que nenni, pour la droite, l’explosion des coûts de l’aide sociale serait due à une générosité excessive de l’Hospice, doublée d’un laxisme coupable contre les abus. Le tour de vis sur les plus pauvres est donc initié, et un premier projet de loi est déposé, pour instaurer le travail forcé des jeunes à l’aide sociale (« rendre obligatoire le bénévolat », dans la novlangue libérale), qui plus est dans les secteurs publics comme la santé à qui cette même droite refuse les postes supplémentaires dont ils ont besoin. C’est sûr que de la main d’œuvre gratuite, ça coûte carrément moins cher…
Et s’il fallait encore un signe que la guerre aux pauvres n’épargnera personne, pas même les retraité-e-s vivant en dessous du seuil de pauvreté en raison de leurs retraites de misère, la droite a refusé en commission des finances un crédit supplémentaire pour financer… l’augmentation du volume des prestations complémentaires AVS versées en 2025.
La fanfaronnade du député PLR/secrétaire patronal en marge de la grève de la fonction publique du 11 décembre (voir photo) n’est donc pas qu’une provocation méprisante, c’est une sinistre déclaration de guerre.
Davide De Filippo