Les cahiers des charges des ludothécaires, nettoyeuses-eurs et des monitrices-teurs sont validés.
Entre colère et succès après des mois de travail, une histoire pleine de rebondissement à découvrir dans notre communiqué de presse.
Communiqué de presse du personnel sous contrat FASe du 17/12/2025
Contrairement à ses engagements, la FASe ne déposera pas de demande de revalorisation à temps pour les fonctions les plus précaires
Un contexte de négociations ambivalent
En février 2025, les syndicats SIT et SSP dénonçaient une volonté de la FASe de revaloriser ses fonctions les plus élevées sans se préoccuper des fonctions les plus précaires. La demande de revalorisation envoyée au canton n’ayant toujours pas été transmise aux partenaires sociaux après l’été malgré de nombreuses relances, le SIT et le SSP saisissaient le préposé à la protection des données et de la transparence (PPDT). Sollicité par le PPDT, le secrétaire général de la FASe répondait le 9 octobre que ces documents n’avaient pas été déposés et qu’il n’y avait donc rien à transmettre aux syndicats.
En parallèle, les nettoyeurs-euses (classe 4), les moniteurs-trices (classe 6), les ludothécaires (classe 8), les secrétaires sociales et les comptables (classe 11), demandaient une revalorisation de leur fonction lors de l’Assemblée Générale (AG) de juin, demande complétée lors de l’AG de novembre. Suite à cette demande, les syndicats rencontraient le bureau du conseil de Fondation de la FASe en septembre, la rencontre débouchant sur une décision du Conseil de Fondation d’entamer des négociations pour la revalorisation de ces fonctions. Le 29 septembre, un accord était trouvé entre le conseil de Fondation et les syndicats sur le processus de négociations. Entre-temps, apprenant que le Conseil d’État avait décidé de geler toute demande de revalorisation des fonctions au 31 décembre 2025, tant les représentant-es des employeurs que des syndicats ont travaillé d’arrache-pied pour que les cahiers des charges soient mis à jour et qu’une demande de revalorisation puisse être déposée avant le 31 décembre.
Surprise sous le sapin
Or, nous avons appris lundi 15 décembre qu’aucune demande de revalorisation ne serait déposée avant le 31 décembre pour les fonctions les plus précaires, la FASe n’ayant pas fait de demande préalable de financement auprès des communes et du canton. Pourtant, celle-ci aurait dû entreprendre les démarches nécessaires pour s’assurer de ce financement, sachant depuis juin déjà qu’une demande devrait être déposée et depuis l’automne que les revalorisations seraient gelées au 31 décembre. Cerise sur le gâteau, le SIT et le SSP ont appris par inadvertance à cette même séance de la commission paritaire du 15 décembre que les demandes ont été déposées il y a un mois et demi pour les fonctions les plus élevées . Ainsi, la délégation syndicale a quitté la séance sur le champ et refusé de se rendre au conseil de Fondation le soir-même, pour ne pas cautionner cet état de fait.
Vagner, nettoyeur, témoigne : « fin septembre, nous étions sortis particulièrement contents des négociations, très fiers du travail accompli. Ce que nous avons appris ce lundi a été une vraie baffe. Est-ce que la valorisation de notre métier n’était que du vernis pour nous garder tranquille, alors que dans notre dos les fonctions les plus privilégiées avançaient pour augmenter leurs salaires ? Le secrétaire général gagne déjà presque 4 fois plus qu’un nettoyeur. Est- ce que vraiment il avait besoin d’être revalorisé le plus rapidement possible ? Il ne pouvait pas attendre les revalorisations prévues par G’Evolue ? D’entendre qu’ensuite, à la commission paritaire, on a retoqué les syndicats en leur disant que la demande de remplir les formulaires de l’OPE n’avait été formulée qu’il y a 10 jours, c’est se moquer de nous. Déjà, quand il y a 18 mois la FASe a décidé d’entamer un travail pour revaloriser ce qu’ils appellent avec mépris les “fonctions dirigeantes”, ils auraient pu commencer par approcher nos syndicats pour nous revaloriser nous. »
Une inégalité crasse vu les coupes budgétaires cantonales et communales
Alors que le Conseil d’État, arguant d’une situation financière délicate, a annoncé son intention de serrer drastiquement la vis du budget cantonal des quatre prochaines années et que les communes annoncent des coupes sévères, les syndicats apprennent que le Canton a bien garantit le financement des fonctions les plus privilégiées à la FASe. Y compris la fonction de secrétaire général, au bénéfice d’un salaire de 205 000 CHF par année! Cette séquence porte à la fois le sceau d’un mépris pour le partenariat social le plus élémentaire et d’un dédain manifeste pour la lutte contre les inégalités. Le tout au sein d’une institution qui prétend œuvrer pour un renforcement de la cohésion sociale, largement dirigée par des élus et des membres de partis de gauche et du centre-gauche !
Par ailleurs, elle démontre que des moyens financiers et du temps sont toujours trouvés quand il s’agit d’améliorer encore le sort des plus nantis, alors qu’ils font généralement cruellement défaut quand il s’agit de prendre soin des petites mains. Mais il est vrai que, comme le dit le proverbe, « on n’est jamais mieux servi que par soi-même » et que charité bien ordonnée commence aussi par soi-même. Eduardo, ludothécaire, témoigne : « Aujourd’hui, les ludothèques sont devenues de véritables lieux de rencontre pour les usagers, mais aussi pour d’autres institutions. Pourtant, malgré cette mission sociale fondamentale, nous dépendons de taux d’engagement dérisoires et fragmentés qui rendent impossible d’avoir un autre travail à côté pour compléter nos revenus. Nous pensions que la FASe voulait sincèrement reconnaître notre contribution. Mais c’est un véritable affront découvrir aujourd’hui que pendant tout ce temps les demandes de revalorisation des cadres dirigeants avançaient en priorité. Nous sommes coincés dans une précarité que notre employeur perpétue, alors même qu’il reconnaît verbalement l’importance de notre travail. »
Demandes syndicales
Fort de ce qui précède, le personnel et les syndicats SIT et SSP :
- Dénoncent publiquement les processus en cours ;
- Demandent le retrait par la FASe des demandes de revalorisation des fonctions dirigeantes ;
- Réaffirment leur exigence d’une priorisation des revalorisations des fonctions les plus précaires ;
- Informent être décidés à entreprendre toutes les démarches envisageables pour empêcher l’aboutissement d’un processus antisocial ;
- Réitèrent la demande que soit tenue la promesse faite en 2009 par Monsieur Charles Beer (alors Conseiller d’État et actuel président du conseil de fondation) de la rédaction d’un projet institutionnel pour la FASe – seul espoir de pouvoir rétablir un partenariat sain et équilibré au sein de l’institution, sur la base d’un document de référence validé par toutes et tous.
Les syndicat SIT et SSP espèrent que, suite à l’annonce de la conférence de presse et à leur sortie de la commission paritaire pour signifier leur colère, le Conseil de Fondation du 15 décembre aura su prendre les bonnes décisions. Par ailleurs, le SIT et le SSP avaient récemment rencontré le PS Genevois pour échanger sur les positions tenues par leurs élu-es au conseil de Fondation. Nous espérons que ce partenaire saura faire ce qui est juste.
FASe – complément au communiqué de presse du 17/12/2025
Finalement la demande de réévaluation pour les nettoyeurs-euses et ludothécaires sera déposée avant le 31 décembre
Juste après l’envoi de notre communiqué de presse, nous apprenons par un courrier du conseil de Fondation que la demande de réévaluation pour les nettoyeurs-euses et des ludothécaires sera finalement déposée avant le 31 décembre. Nous constatons donc que la réaction des syndicats à la commission paritaire et la conférence de presse ont été utiles.
Même si cette nouvelle nous réjouit, ce n’est pas pour autant une victoire, puisque les demandes de revalorisation des autres fonctions précaires ne seront pas déposées cette année. De plus, la FASe n’a pas accédé à notre demande de retirer les demandes de revalorisation des fonctions les plus élevées.
Pour consulter les discours complets prononcés à la conférence de presse, cliquez ici.