Services publics

Chronique d’un déficit annoncé

Sans surprise aucune, le projet de budget de l’État passe au rouge après les baisses d’impôts, et le Conseil d’État annonce des mesures d’économie sur le dos du personnel et des plus précaires.

Austérité • Souvenez-vous de l’automne dernier : le Conseil d’État et les partis de droite soutiennent en votation populaire une importante baisse fiscale prétendument en faveur des classes moyennes. On entend alors une petite musique rassurante : « on peut se le permettre », « l’État a les moyens », « pas de baisses des prestations ni des conditions de travail »… Un an plus tard, patatras, la supercherie est totalement démontrée. Le projet de budget 2026 du Conseil d’État présente un déficit projeté de 409 millions. Coût de la baisse fiscale de 2024 ? 376 millions ! Plus 99 millions suite à la révision de l’estimation fiscale des immeubles, que le SIT avait combattue également. Ce sont bien les baisses fiscales d’une droite aveuglément idéologique qui amènent ensuite le Conseil d’État à présenter des mesures structurelles d’économie et d’annoncer, peinard, un plan d’économies pour le printemps 2026. Qu’à cela ne tienne, face aux carences de projet de budget, une Assemblée du personnel organisée par le Cartel intersyndical du personnel de l’État et du secteur subventionné appelle à une manifestation le 30 octobre prochain.

Renforts de postes insuffisants

285 équivalents temps pleins (ETP) supplémentaires sont budgétés. Parmi ceux-ci, 87 sont des postes créés en 2025 et donc stabilisés. 61,5 sont destinés au DIP pour absorber la hausse du nombre d’élèves. Il en reste donc 136 dont 38 prévus pour la réalisation du plan d’investissements. Parmi les 98,5 postes restants, 40,5 sont prévus pour la police et 34 pour les services numériques. Du côté des établissements subventionnés, nous constatons une logique perverse et minimaliste : des postes sont octroyés pour répondre à l’augmentation des besoins et des prestations, mais, très rarement pour renforcer les dotations existantes. Les équipes surchargées et en souffrance ne sont pas renforcées, les demandes pas honorées.

Sur le dos des communes et du personnel

Concernant les mesures d’économie, le Conseil d’État n’est pas très original : report de charges sur les communes (notamment la péréquation financière fédérale prévue de longue date) et suppression de l’annuité de 2026 à 2029 (!), telles sont les deux mesures phares (80 % des économies annoncées) présentées dans plan financier quadriennal. Le Conseil d’État sait aussi se faire mesquin : suppression du doublement du dernier salaire en fin de carrière pour une « économie » de 4 millions.

Précaires à la caisse

Ou carrément méprisant avec un paquet de mesures concernant les subsides d’assurance maladie destinés aux personnes précaires et à la classe moyenne : limitation de la déduction fiscale à la prime moyenne cantonale (tu as une franchise basse, ta prime est élevée, tu ne peux pas déduire des impôts), suppression de l’indexation des subsides et révision du barème d’octroi. Autrement dit, ce sont les précaires qui payent une partie de la facture des cadeaux faits aux classes aisées.

Mobilisation annoncée

Les militant-e-s des secteurs publics et subventionnés appellent à la solidarité et à la mobilisation face à ce mépris. Ils-elles soutiennent la protection des finances communales qui délivrent des prestations essentielles, de proximité et complémentaires, demandent l’abandon de toute remise en cause des mesures de soutien face aux coûts croissants de la LAMAL, l’application des mécanismes salariaux pour le personnel qui délivre les prestations et contribue à l’économie cantonale (par exemple en prenant soin des personnes en situation de handicap mais aussi en consommant et en payant des impôts). Enfin, une politique de création de postes claire et transparente répondant aux besoins du terrain et de la population.
C’est certain, cet automne, on prend encore la rue !

Jérôme Chapuis

Campagne