Billet de la présidence

Quand les riches condamnent les pauvres à avoir mal aux dents


À seulement 144 voix, Genève a manqué l’occasion d’améliorer l’accès aux soins dentaires pour les classes populaires. L’initiative proposait une mesure simple et efficace : un chèque annuel de 300 francs pour les bénéficiaires de subsides, un plan cantonal de prévention structuré et la création d’un poste de médecin-dentiste cantonal. Une réponse concrète au renoncement massif aux soins dentaires : dans notre canton, près d’un quart de la population renonce à consulter faute de moyens.
L’analyse des résultats par quartiers met en lumière une réalité troublante : les quartiers populaires ont largement voté OUI, tandis que les quartiers les plus aisés se sont prononcés pour le NON. Là où l’on peut se rendre chez le dentiste sans se poser de questions financières, on a refusé une solution permettant à des milliers de personnes précaires — familles monoparentales, étudiant-e-s, retraité-e-s — d’accéder enfin à des soins essentiels. Une fois de plus, celles et ceux qui ont les moyens ont déterminé que d’autres continueraient à souffrir en silence.
Le contre-projet parlementaire, réduit à une simple « sensibilisation » sans moyens d’action a été balayé. Il illustre le décalage persistant entre les décisions politiques de la droite majoritaire au Grand Conseil et les réalités vécues par une grande partie de la population. Rappelons-le : en Suisse, 90 % des coûts dentaires sont payés directement par les patient-e-s, contre 55 % en moyenne dans l’OCDE. Comment prétendre à une véritable égalité quand la santé dépend du portefeuille ?
Cet échec souligne la réalité vécue par de nombreuses personnes. Face à ces inégalités, il est essentiel de continuer à défendre le droit à la santé pour toutes et tous. Genève peut progresser sur ce point, et il est vital de garder ces enjeux au cœur du débat public.