Contre-projet à l’initiative pour le droit à une place

L’initiative 143 « Pour une véritable politique d’accueil de la petite enfance », qui prévoit d’inscrire dans la Constitution genevoise le droit à une place, vient d’être refusée par le Grand Conseil.

Déposée en juillet 2009 par la gauche et les syndicats pour faire face à la grave pénurie de places pour les 0-4 ans et contraindre les communes à créer suffisamment de lieux d’accueil, elle n’a pas trouvé grâce aux yeux de la droite qui envisage de lui opposer un contre-projet moins contraignant.

La commission de l’enseignement, de l’éducation et de la culture aura une année pour élaborer ce texte. Pas de quoi réjouir les parents, et en particulier les femmes qui souhaitent se maintenir en emploi à la naissance de leurs enfants, sachant qu’un seul salaire ne suffit plus à couvrir les besoins d’une famille à Genève. Le nombre de familles monoparentales est également en constante augmentation. Créer des places de qualité, c’est aussi favoriser l’intégration d’enfants de toutes conditions sociales et de toutes provenances. C’est permettre d’encourager un processus précoce de développement et d’éducation de tous les enfants. Dans ce sens, renforcer le financement public ne constitue pas un coût mais bien un investissement pour l’avenir.

La majorité bourgeoise a trouvé, une fois de plus, le moyen de retarder cette tâche publique urgente. Les dépenses publiques de la Suisse sont pourtant dérisoires en comparaison avec les pays qui nous entourent, puisqu’elle ne consacre que 0,2% du PIB à l’accueil préscolaire. Selon les recommandations de l’OCDE, de l’UNICEF et de l’UE, notre pays devrait y consacrer 1% du PIB sous forme de subventions. En cette période de crise et de chômage, cette initiative devrait aussi contribuer au nécessaire effort de relance tant par la construction de lieux d’accueil que de création de places de travail.

Etat et communes se moquent des besoins

Trop souvent ces dernières années, nous assistons à des baisses du centime additionnel dans les communes, alors que celles-ci n’ont toujours pas répondu aux besoins de leurs habitant-e-s dans ce domaine. De même, lorsque le canton envisage d’abolir la taxe professionnelle sans prévoir de nouvelles formes de recettes, cela aurait pour conséquence de faire perdre une part importante de revenus aux communes. Pour 2011, Plan-les-Ouates, Bellevue, Versoix et Veyrier ont décidé de baisser le taux d’imposition communal en raison de recettes trop importantes. A Meyrin, le budget 2011 prévoyant le maintien du taux d’imposition actuel fait l’objet d’un référendum. Dans le même temps, le personnel des institutions de la petite enfance ne bénéficie toujours pas d’une CCT qui permettrait d’harmoniser les conditions de travail et les normes d’encadrement, qui garantissent la qualité de l’accueil, sont attaquées car considérées comme trop onéreuses. Encore une raison de plus de manifester notre désapprobation le 14 juin 2011 et mettre en évidence les entraves à la réalisation dans les faits de l’égalité entre femmes et hommes.

Seule bonne nouvelle dans ce domaine, le Grand Conseil vient de voter une enveloppe de 300’000 francs pour mettre sur pied l’Observatoire cantonal de la petite enfance, censé permettre l’identification des besoins (création de places, formation du personnel, etc.) et une planification sur le canton. Cet outil était pourtant inscrit dans la loi depuis six ans déjà…

Valérie Buchs (Extrait du Sit-info N° 1 de janvier 2011)