Au printemps dernier, la CGAS, les partis de gauche et l’ASLOCA avaient lancé un referendum en Ville de Genève contre le préavis positif du Conseil administratif au déclassement du périmètre Praille-Acacias-Vernets(PAV).
Ce déclassement était jugé prématuré et donnait carte blanche au Conseil d’Etat pour y ouvrir une vaste zone de spéculation immobilière. Ce referendum a abouti et devait être soumis à la votation en Ville de Genève en novembre dernier. Mais les référendaires ont demandé l’ouverture de négociations sur le projet PAV, puisqu’ils ont démontré que le projet de déclassement actuel est totalement décalé par rapport à l’avancée réelle du projet. Ils ont en particulier demandé de négocier les points suivants :
aucune aliénation des parcelles propriétés de l’Etat et des collectivités publiques (notamment de la Fondation des terrains industriels), sous réserve d’échanges fonciers ;
la construction de logement
répondant au principe "d’un
logement pour un emploi"
quant aux nouvelles surfaces
de plancher, étant précisé
que ces logements soient
construits simultanément
aux constructions affectées
aux activités ;
l’abandon du nombre irréaliste
de 14’000 logements et
son adaptation au nombre de
logements à construire, selon
les points précédents ;
un nombre important de logements locatifs et sociaux.
Après deux mois de rencontres constructives avec des délégation du Conseil d’État et des communes de la Ville de Genève, Carouge et Lancy, ce dialogue a permis de concrétiser une nouvelle approche qui consistera à relocaliser certaines activités à l’intérieur comme à l’extérieur du périmètre urbain pour permettre d’en créer de nouvelles et d’y construire de nouveaux logements.
Rappelons en effet que le PAV n’est pas une friche industrielle, mais occupe aujourd’hui 20’000 emplois de divers secteurs professionnels et près de 3’000 logements. La plupart des entreprises sont au bénéfice de droit de superficie pouvant aller jusqu’à 99 ans accordé par les autorités communales, propriétaires de 82% du PAV. Cela signifie que l’ensemble de ce puzzle à reconstruire pour développer ces quartiers urbains de Genève prendra des décennies. Il importait par conséquent que cette recomposition du PAV réponde à certains critères de base, concernant en particulier l’équilibre des emplois et des logements. C’est chose faite dans la Convention qui a été signée le 4 mars dernier, qui modifie le projet de loi de déclassement du PAV qui sera soumis prochainement au Grand Conseil.
Un nouvel emploi = un nouveau logement
L’accord précise ainsi qu’à l’échelle du périmètre PAV, pour tout nouveau emploi créé doit être construit un logement. Ce principe, cher aux syndicats, doit permettre, non pas de résorber, mais de ne pas accentuer le déséquilibre actuel qui conduit de nombreux travailleurs et travailleuses employé- e-s à Genève à résider en dehors du canton, entraînant une mobilité et des nuisances accrues, ainsi que d’importantes pertes fiscales. Cette préoccupation, longuement discutée lors de ces négociations, devrait, selon nous, s’appliquer dans le long terme à l’échelle du canton. Nous avons également demandé que figure clairement notre volonté que le secteur secondaire ne soit pas éjectée du périmètre au profit d’activités uniquement tertiaires. La particularité de cette zone de 235 hectares consiste en sa maîtrise foncière : 82% en mains publiques. La convention permet de définir que seuls des logements locatifs seront construits sur ces terrains publics, soit 50% de logements subventionnés, dont 22% d’HBM. Cela garantit qu’à défaut d’échanges de parcelles, le périmètre du PAV ne sera pas un terrain livré à la spéculation immobilière, mais bien une opportunité exceptionnelle de bâtir des quartiers mélangeant activités et logements qui répondent aux besoins de la population. Il apparaît ainsi que le découpage du type de logement devant être construits sur le PAVcorrespond aux revenus de la population. Il nous faudra vérifier dans le temps que ces quartiers ne soient pas trop densifiés, car ils devront également intégrer des équipements publics, des espaces culturels et verts ; cela sera le rôle du groupe de suivi de superviser notamment les plans localisés de quartiers.
Priorité de la lutter contre la pénurie de logements
En conclusion, les syndicats ont une fois de plus joué un rôle fondamental tout d’abord en utilisant l’instrument démocratique du referendum, puis en forçant le Conseil d’État à la négociation sur un sujet d’importance majeure pour Genève. En effet, la pénurie de logements continue à rendre la vie impossible à Genève, et il est primordial de ne gâcher aucune occasion de définir les priorités syndicales dans ce domaine, combien même il s’agit d’une réalisation qui s’étalera sur les 50 prochaines années.
Où sont les grues ?
On comprendra que ce n’est pas sur le PAV qu’on attend les premières grues pour la construction de logements, mais en poursuivant la pression pour que s’accélèrent en particulier les projets des Communaux d’Ambilly, Les Vergers à Meyrin et la Chapelle les Sciers à Plan-les-Ouates, comme l’identification de toute parcelle à même de réaliser du logement.
Il n’est plus temps d’accepter que des terrains soient laissés en réserve pour de futures constructions. C’est ainsi que l’on pourra réellement sortir de la pénurie. Nous n’avons pas encore été rassurés sur ce point par les autorités.
Sylvain