Après deux ans de travaux, le Conseil pour le climat a rendu son rapport. Parmi ses 13 recommandations, 4 concernent la justice sociale.
Pas de grands discours ni rien de bien révolutionnaire dans le rapport du Conseil pour le climat rendu public le 21 janvier. Mais d’un point de vue syndical il est intéressant de noter que certaines de nos revendications ont pu s’y frayer un chemin. Parce que le plan climat cantonal ne pipe pas un mot sur la justice sociale, et qu’aucune loi cantonale à l’heure actuelle ne se soucie de la question sociale dans la transition écologique, la reconnaissance de la part de ce Conseil de l’importance de cette question est bonne à prendre et donne de la force institutionnelle à nos revendications.
Indemnité de formation Le Conseil pour le climat considère que « la valorisation des emplois verts, l’amélioration des conditions de travail dans ces secteurs et l’accompagnement vers des formations (…) constituent des leviers vers la transition des métiers dans la lutte contre le changement climatique ». Il propose ainsi d’instituer des mesures incitatives, sous la forme d’indemnités versées tout au long de la formation, aux personnes - jeunes ou adultes - qui se lancent ou se reconvertissent dans une formation - longue ou courte, CFC, école, formation en entreprise, etc. - dans un métier vert. Beaucoup d’adultes renoncent en effet à une reconversion pour des raisons financières. Le versement d’indemnités à hauteur du salaire est donc une mesure incontournable favorable aux salarié-e-s et à l’environnement.
Protéger la santé au travail Ce alors qu’à l’heure actuelle aucune loi suisse ou genevoise ne fixe des limites claires au travail lors des périodes de plus en plus fréquentes et intenses de canicule, que le patronat est peu réceptif aux demandes syndicales, et que lors des canicules de 2023 nombre d’employeurs n’ont pas respecté les directives de l’OCIRT en la matière, il est réjouissant de constater que le Conseil pour le climat s’en préoccupe. Il propose que les lois genevoises prennent en compte la protection de la santé au travail contre le stress thermique. Sur la base des avis scientifiques et du médecin du travail, le Conseil propose d’inscrire dans les lois des arrêts de travail pour les professions s’exerçant à l’extérieur ou à l’intérieur, à partir d’une certaine température en cas de canicule et de grand froid, ainsi que la création d’un fond cantonal d’indemnisation financé par l’État pour indemniser les salarié-e-s.
Pour une autre gouvernance D’autres propositions intéressantes sont également à relever : créer un conseil scientifique intercantonal, instituer une commission de l’urgence climatique au Grand Conseil, participer à un fonds de réparation dans le cadre de la solidarité internationale pour les pays qui subissent le plus le changement climatique, instituer une journée cantonale du climat dans les écoles et les entreprises, créer et financer le travail culturel et artistique des utopies de la transition, instituer des assemblées citoyennes délibératives. La balle est maintenant dans le camp du Conseil d’État, qui a pris connaissance du rapport mais ne s’est pas encore prononcé. S’emparera- t-il de ces propositions ou vat- il préférer l’inaction ? Pour le SIT c’est clair : il va continuer à lutter pour que la dimension sociale soit prise en compte dans la transition écologique sur le plan international, suisse et cantonal.
Manuela Cattani pour SITinfo n° 1 - février 2024