Communiqué du 05.09.2022
Ce matin, des travailleuses du secteur dit « féminins », militantes syndicat SIT ont protesté contre l’augmentation de l’âge de la retraites des femmes. Issues des secteurs hospitaliers, des soins, de l’hôtellerie, du nettoyage et de l’économie domestique, elles ont témoigné de la pénibilité de leurs métiers des conséquences néfastes de leur travail sur leur santé. Non seulement le projet AVS21 prévoit de faire des millions d’économies sur le dos des femmes, mais il met également en danger la santé des travailleuses. Les travailleuses appellent donc à voter NON à AVS21 le 25 septembre. Lors de cette action, elles ont eu le courage de témoigner, pour enfin enterrer la réforme AVS21 dans un cercueil, dans un cimetière installé pour l’occasion devant le siège de la Fédération des Entreprises Romandes genevoises, qui fait la promotion de la réforme pour leur rappeler que nier la pénibilité des métiers dits « féminins » est un fausse bonne idée.
L’espérance de vie et surtout la capacité d’arriver à l’âge de la retraite en bonne santé varient fortement selon le métier exercé et à la catégorie sociale à laquelle on appartient. Les mauvaises conditions de travail ont évidemment un impact majeur sur la santé et sur la capacité de chacun-e d’arriver à la retraite.
La pénibilité et les risques d’accident liés aux métiers dits « féminins » sont peu visibles et méconnus. Pourtant, c’est un problème d’envergure. Au sein de la population active, 42% des femmes sont exposées à un cumul d’au moins trois risques physiques dans leur travail. Une femme sur quatre occupe une profession pénible, entrainant maladies et accidents. Les femmes sont donc particulièrement exposées à un fort risque d’arriver à la retraite en mauvaise santé, une discrimination qui s’ajoute à d’autres pour nombre de femmes qui arrivent à la retraite, et touchent des rentes minuscules,en dessous du seuil de pauvreté.
« Après 15 ans comme femme de chambre, je n’en peux plus. Les cadences sont infernales avec jusqu’à 25 chambres à faire par journée. Les charges sont lourdes, je suis exposée tous les jours à des produits toxiques. J’appelle aux hommes de penser à leurs mères, leurs femmes, leurs sœurs et leurs filles et de voter NON le 25 septembre » Olga*, 62 ans
« Je travaille dans le nettoyage. A 41 ans, j’ai déjà de grands problèmes de dos à cause des charges et des gestes répétitifs et pénibles. Ce n’est juste pas possible de travailler jusqu’à 65 ans dans ce métier. » Laura*
« On dit que nos professions sont essentielles, mais nous cumulons pénibilités physiques et psychiques dans les métiers des soins ; port de charges, gestes répétitifs et rythme infernal… Nos salaires ne sont pourtant pas réévalués, nous nous retrouvons avec de plus en plus de patients par membre du personnel et maintenant on devrait travailler un an de plus ? Le cynisme, ça suffit ! » Geneviève, pour le comité SIT hospitalier.
A la lumière de ces témoignages, il est évident que le travail dans ces métiers « féminins » rend malade. Pourtant, les salaires dans ces secteurs et, par conséquent les cotisations, ne permettent pas de prendre, dans le système actuel, une retraite anticipée, avant que leur corps ne lâche. La retraite « flexible » n’est pas possible pour les travailleuses des métiers « féminins », bien que ce soient elles qui en ont le plus besoin.
Alors que les finances de l’AVS se portent à merveille avec un excédent de 2,6 milliards en 2021, que les femme, elles, subissent toute leur vie la discrimination salariale, qu’elles subventionnent l’économie avec leur travail « gratuit », et que leur retraites ne leur permettent pas de vivre dignement, il est inacceptable de sacrifier leur santé en faisant travailler les femmes un an de plus !
Mais encore, dans de nombreux secteurs, comme le nettoyage ou l’hôtellerie, les femmes ne trouvent pas d’emplois dès le début de leur soixantaine ! Avant la retraite, elles se voient obligées de pointer au chômage, si ce n’est pas à l’aide social, quand elles ne sont pas en maladie ou accident. Augmenter l’âge de la retraite, c’est juste d’augmenter les inégalités faites aux femmes, en méconnaissant tout le travail non-rémunéré mais, pourtant, essentiel à la société !
Le syndicat SIT revendique un système de rentes social qui rééquilibre les efforts fournis pour la collectivité et la prospérité par les femmes. AVS21 n’est pas la bonne solution, car cette réforme machiste et classiste ne fait que renforcer les inégalités.
*Prénoms anonymisés.