Une initiative inutile, populiste, xénophobe
L’initiative anti-minarets, sur
laquelle le peuple est invité à
voter le 29 novembre prochain,
bat tous les (tristes) records
du populisme nauséabond
qui pollue depuis trop
longtemps la vie politique
suisse. Ça,r non contente d’être
provocatrice et xénophobe,
elle est de surcroît parfaitement
inutile.
Un problème inexistant
Inutile parce qu’elle invente
un problème inexistant : la prétendue
prolifération de minarets
en Suisse. Prolifération ? Il
existe à ce jour, dans toute la
Suisse, soit sur une superficie
de 41’285 km2 pour 7,7 mio
d’habitant-e-s, seuls 4 minarets
en tout et pour tout, et un seul
projet de construction en
cours. Convoquer le peuple à
se prononcer sur un non-objet
n’a donc aucun sens et témoigne
d’un manque de respect
profond pour le-la citoyen-
ne. C’est la démocratie
directe, si chère à l’ensemble
de la population et souvent
citée comme exemple par nos
voisins, proches ou lointains,
qui s’en trouve ainsi galvaudée.
Et que dire des arguments
des initiants ? Les arguments
architecturo-paysagistiques
confinent au ridicule : les minarets,
comme n’importe quelle
construction, sont soumis à des
autorisations de construire et à
un cadre légal existant garantissant
déjà la prise en compte
de ces aspects. Le reste n’est
qu’une question de goûts. Dans
cette logique, il faudrait également
interdire la construction
d’églises, d’immeubles ou de
ponts sous prétexte que certains
d’entre eux seraient
d’une esthétique douteuse ne
suscitant pas l’enthousiasme
de l’ensemble de la population…
Xénophobie pure et simple
S’opposer à la prétendue « islamisation rampante » de la Suisse ? On a beau chercher, on ne trouve pas en quoi l’interdiction des minarets empêcherait une partie de la population de vivre sa foi et de la pratiquer dans des lieux de culte. Pratique religieuse, faut-il le rappeler, par ailleurs garantie par la Constitution fédérale… Mais, plus grave encore, à l’inutile s’ajoute ici l’expression de l’intolérance, d’une croisade d’un autre temps, et d’une xénophobie crasse faite d’ignorance et de rejet viscéral de l’Autre. Car de l’aveu des initiants eux-mêmes, le minaret est un symbole. Symbole d’une religion prétendument « extérieure à la culture et à l’identité de la Suisse ». C’est donc bien l’Autre, l’Étranger, que cette initiative attaque. Un Étranger identifié de surcroît à une menace obscurantiste et terroriste par les initiants.
Leurs affiches relèvent ainsi d’idéal-type : l’illustration éclatante de la significations des mots amalgame et provocation. Et c’est là un autre argument avancé par les initiants qui ne peut que nous faire hurler à la bêtise ignorante : d’une part parce qu’encore une fois, on ne voit pas en quoi l’interdiction des minarets pourrait de quelque manière contribuer à combattre l’extrémisme religieux, et d’autre part parce qu- ’elle assimile l’ensemble d’une confession et d’un groupe de personnes à une dérive non seulement minoritaire, mais qui de surcroît n’a rien à voir avec ses fondements.
Ça suffit !
L’équation des initiants est simpl(ist)e : minarets = étrangers- ères = terroriste. La vraie nature de cette initiative est donc révélée : inutile parce que ne répondant à aucun problème réel, xénophobe parce que s’attaquant à une catégorie de la population identifiée comme étrangère, et populiste parce qu’érigeant les pires amalgames au rang de pseudo- vérités. En d’autres termes, cette initiative résulte d’une intention purement démagogique, d’une énième intention d’exploiter de manière éhontée et à aucune autre fin qu’électoraliste les peurs et le rejet de l’Autre.
Non contente d’être provocatrice et xénophobe, cette initiative est de surcroît parfaitement inutile.
C’est pourqoui le SIT appelle à la rejeter massivement.
Plus d’informations sur le site de la coordination contre l’exclusion et la xénophobie (StopEx)