La LCPEG, dans l’intérêt de tous-tes les travailleurs-euses

Entretien avec Nicole Lavanchy, présidente du SIT

Nicole, à entendre les référendaires, il serait dans l’intérêt de l’ensemble des salarié-e-s de refuser la fusion de la CIA et la CEH le 3 mars prochain, au nom de la critique au système de capitalisation régissant la LPP. En tant que présidente d’un syndicat interprofessionnel, qu’en penses-tu ? Je partage la critique du système de capitalisation régissant la LPP, qui confisque d’énormes capitaux sur les salaires sans offrir de garanties aux travailleurs-euses quant à leurs retraites. Je suis pour un système de prévoyance vieillesse universelle, telle l’AVS, mais permettant à toutes et tous les retraité-e-s de vivre dignement. Or à ce jour, l’AVS n’est pas suffisante. La LPP la complète, mais de manière très insuffisante pour les bas revenus et les travailleurs-euses précaires, qui sont de plus en plus nombreux-ses. Ceci dit, nous ne votons pas sur la LPP le 3 mars. Nous votons sur la mise en œuvre dans les caisses publiques d’une nouvelle contrainte votée au niveau fédéral, celle d’assurer 80% de réserve dans toutes les caisses LPP. Les grandes centrales syndicales nationales, comme le SSP-VPOD, n’ont pas combattu cette ineptie par voie référendaire ! Je ne vois pas comment le vote sur les caisses publiques genevoises pourrait retourner une situation déjà perdue au niveau fédéral.

Il n’y a donc aucun enjeu au-delà de la retraite du personnel de l’Etat ? Je n’ai pas dit ça. Au contraire, comme dans toute question concernant les conditions de travail dans les services publics, il y a un lien direct avec les prestations publiques. Détériorer les conditions de travail a toujours un impact négatif sur les prestations publiques, et donc sur l’ensemble des travailleurs-euses. Or, avec la LCPEG, il s’agit de préserver des bonnes conditions de retraites pour le personnel des services publics du canton de Genève au regard des exigences de la modification de la LPP au niveau suisse.

Mais le SSP parle d’un recul de mauvais augure pour l’ensemble des salarié-e-s… C’est parce que les référendaires se trompent sur les conséquences d’un éventuel refus de la LCPEG. Les aspects négatifs de la LPCEG sont infimes par rapport à ce que nous pourrions perdre si la LCPEG n’est pas acceptée par le peuple. La LCPEG conserve des éléments essentiels qu’il s’agit de défendre dans les caisses publiques, à un point tel que la droite se mord les doigts de ne pas s’y être attaquée. Le 3 mars, il faut donc renforcer ces éléments par une légitimité populaire. Faire un pas en arrière oui, mais pour relever la garde, plutôt que de s’exposer au k.o. immédiat.

Qu’auraient à en gagner les travailleurs-euses du secteur privé ? Comme je l’ai déjà dit, préserver les conditions de travail du service public, c’est préserver la qualité des prestations à la population. Par ailleurs, les services publics constituent un contre-exemple pour le secteur privé, un point de référence qui profite à tous-tes. Et le SIT a un total appui de ses secteurs privés dans cette bataille.

Tu évoques le rôle d’exemple du service public pour l’ensemble des travailleurs-euses. En quoi la LCPEG est-elle exemplaire ? La LCPEG prévoit la garantie de l’Etat sur les pensions, la primauté de prestations, la participation de l’employeur à 2/3 des cotisations, la prise en compte de la pénibilité physique du travail dans l’âge de la retraite, la possibilité d’une retraite anticipée. Cela signifie que le minimum LPP n’est pas une fatalité. S’il y un message politique à envoyer aux autorités et au patronat le 3 mars, c’est celui-là : nous défendons l’idée d’une prévoyance professionnelle plus favorable aux salarié-e-s, plus juste et plus solidaire.